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Voyage hydrogéologique et sensoriel sous le Jura

Après un premier report et une sortie en juin n’ayant pas permis au groupe de pénétrer dans le tunnel en raison des fortes pluies de la nuit précédente, nous étions une douzaine, samedi 7 septembre 2024, à longer le Rhône depuis le pont Carnot afin de rejoindre l’émergence de la Bouna, cette rivière souterraine à l’histoire insolite !

C’est au bord du Rhône et sous un temps radieux que Jean Sesiano, hydrogéologue à l’université de Genève, nous narre l’histoire de la Bouna, une rivière souterraine sortant de terre de façon artificielle pour se jeter dans le fleuve. En 1883, de fortes crues souterraines et superficielles poussent l’eau à se frayer un chemin à travers les blocs de moraine pour sortir à marche forcée. Conséquence : un glissement de terrain, sous Fort l’Ecluse, emportant la voie ferrée et bloquant momentanément le passage du Rhône ! Les humains ont tôt fait d’accuser la nature de faire des siennes. Surprenant, quand les datations de concrétions trouvées dans les galeries montrent que la Bouna était active depuis au moins 120 000 ans et qu’elle n’avait pas, dans les décennies du début du XIXème siècle et malgré des épisodes de fortes pluies, provoqué de tels glissements de terrain… Plus vraisemblablement, les travaux réalisés en 1858 pour la mise en service de la ligne Bellegarde – Genève ont sans doute omis de réaliser les drainages souterrains nécessaires pour faire face à ce genre d’aléas météorologiques.

Suite à l’incident de 1883, plusieurs galeries ont été creusées afin de retrouver la rivière souterraine dans le but de la canaliser et de la faire ressortir artificiellement. L’émergence a ainsi été trouvée dans une grotte sous le Jura, à hauteur du Col du Sac. Depuis, la Bouna se jette dans le Rhône, de façon plus ou moins intense en fonction de la pluviométrie, comme constaté lors de la première tentative de visite de la galerie en juin. De ces explorations souterraines restent plusieurs galeries dont les exutoires sont visibles depuis le chemin qui longe le Rhône.

C’est par ce chemin que nous regagnons l’entrée de la galerie principale d’où émerge la Bouna. L’occasion pour Jean de nous faire remarquer que la forêt qui se trouve à ce niveau est beaucoup plus jeune que celle des environs, en raison du glissement de terrain de 1883.

Nous empruntons la galerie artificielle jusqu’à rejoindre la galerie naturelle, creusée par l’eau entre les blocs de moraine. A gauche, vers le nord, nous ne ferons qu’observer le début d’une galerie principalement inondée. A droite, une autre galerie rejoint les divers exutoires observés depuis le chemin longeant le Rhône. Une exploration que certain.es rêvent d’entreprendre une autre fois…

Sous terre, c’est un véritable festival pour nos sens : les joyaux résultant du travail de l’eau et du calcaire, le clapotis de l’eau et nos propres pas dans le filet d’eau qui coule au sol, la fraicheur de ce monde souterrain… Et avant de retrouver la lumière du jour, c’est l’ozone, absent dans l’obscurité de la galerie, qui vient titiller nos narines.

C’est “notre” Jean (Romand-Monnier) qui, lors de la première sortie de juin, a remarqué l’inversion, sur ce schéma de l’article sur la Bouna, entre les résultats de datation du cœur des concrétions calcaires et ceux de la périphérie.

Un grand merci à Jean Sesiano pour cette découverte exceptionnelle ! Pour tout savoir sur l’histoire de la Bouna et les études réalisées par Jean et son équipe, lisez l’article qui leur est consacré.

Marjorie Lathuillière

Le ballet des papillons de nuit

Après déjà 2 reports pour cause de pluie battante, nous avons décidé de maintenir notre sortie papillons de nuit le samedi 24 août malgré une météo annoncée plutôt mitigée.

Au départ du parking du Mont Mourex, Stéphane Gardien, notre guide pour cette sortie, est lourdement chargé de livres spécialisés, boites de collecte d’insectes et lampe à UV : le matériel dont nous aurons besoin pour attirer puis identifier les papillons parmi les quelques 5’500 hétérocères (c’est-à-dire les espèces de papillons de nuit) vivant en France !

Nous apprenons d’ailleurs à cette occasion que les papillons de jour, eux, ne sont que 20 fois moins soit 250 espèces environ…et sont beaucoup mieux connus que leurs compères nocturnes.

Nous cheminons dans la prairie sèche, traversons quelques ronces et arrivons vers un espace parsemé d’arbres que Stéphane juge utiles pour nous protéger du vent – car les papillons n’aiment pas du tout le vent-, tout en étant suffisamment ouvert pour nous permettre d’installer une lampe à UV spéciale et un drap sur lequel viendront se poser les insectes nocturnes attirés par la lumière ultraviolette.

Belle surprise : une jolie mante religieuse qui apporte ses airs d’alien à notre soirée.

Première épreuve de la soirée : Stéphane teste nos connaissances sur les insectes et la classification des différentes espèces : une araignée est-elle un insecte ? une fourmi ? et une mouche ?

(petit rappel : on estime qu’il existe 3 à 8 millions d’espèces d’insectes dans le monde et c’est le groupe d’animaux le plus diversifié sur Terre. Un insecte a un corps en 3 parties distinctes – tête, thorax et abdomen, 6 pattes articulées, souvent mais pas toujours des ailes, des antennes et un exosquelette).

C’est l’occasion de réviser nos lointaines notions de grec et de latin qui se révèlent toujours utiles pour se repérer entre les :

  • Les diptères (mouches, moustiques) avec leurs 2 ailes,
  • Les hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis) et leurs ailes membranées,
  • Les coléoptères (scarabées, coccinelles ou hannetons) avec leurs ailes en fourreau,
  • Les orthoptères (grillons, sauterelles et criquets) et leurs ailes droites
  • Ou encore les lépidoptères (les papillons) et leurs ailes à écailles qui sont les stars de notre soirée.

Guidés par Stéphane, nous retraçons ensuite les 4 stades du cycle de la vie de nos lépidoptères : les œufs, la chenille (larve), la chrysalide (nymphe), et le papillon adulte (imago) qui apparait après sa fameuse métamorphose.

Nous piqueniquons en attendant la tombée de la nuit, avec une dégustation de tomates cerises de Patrick, du gâteau au chocolat de Tamara ou de la tarte aux prunes de Jean-Christophe.

Le vent s’est malheureusement levé et les conditions ne sont pas les meilleures pour les papillons…néanmoins, nous commençons à voir se poser différents insectes sur le drap posé autour de la lampe.

Deuxième épreuve : aller délicatement collecter chaque insecte dans un flacon transparent puis le ramener vers le groupe.

Troisième épreuve : procéder à l’identification du papillon, grâce aux livres de Stéphane et surtout à sa grande connaissance des espèces. S’agit-il d’un papillon de la famille des géomètres, des écailles, des noctuelles, des drépanes ou des bombyx ?

Nous sommes surpris par la variété des formes d’ailes, d’antennes (les papillons de nuit étaient autrefois appelés hétérocères ce qui signifie “antennes de formes différentes”) et de couleurs : la Citronnelle rouillée toute de jaune vêtue, la pyrale du buis toute jolie en noir et blanc, la noctuelle du coudrier beaucoup plus sobre en brun, le Crambus des chaumes avec son nez pointu, L’Hameçon avec sa coloration ocre orangée sans compter la zeuzère du poirier qui a des airs de petit poisson volant argenté.

Zeuzère du poirier

La pluie menace…nous relâchons les papillons et sommes obligés de plier bagage et de battre en retraite mais nous avons tout de même pu identifier plus de 19 espèces différentes de papillons de nuit !

Sortie orchidées le samedi 1er juin 2024

Samedi 1er juin à 9h30, 13 personnes se sont retrouvées sur le parking du centre de Champfromier (Ain).

Le temps était gris et incertain mais 2-3 rayons de soleil sont apparus l’après-midi. La sortie avait pour thème les orchidées et était animée par Stéphane Gardien, naturaliste local bien connu.

Il nous a dévoilé le déroulé de la journée avec la visite de 3 secteurs différents aux alentours immédiats de Champfromier.

Cette année humide et pluvieuse favorise la prolifération et l’éclosion des orchidées. Nous en avons dénombré 16 espèces.

Ce secteur, de par sa formation calcaire, est l’un des endroits (sinon l’endroit) du département où il y en a le plus dans un périmètre restreint.

Stéphane nous a montré comment déterminer les différentes espèces en observant (à la loupe si besoin) leur feuillage et leurs inflorescences.

orchis pyramidale

Il aussi attiré notre attention sur plusieurs sortes de papillons ainsi que sur les chants d’oiseaux. Le pouillot de Bonelli nous a accompagné encore tout au long de cette sortie.

Le midi, nous avons effectué une pause pique-nique bienvenue. Ce fut très convivial et riche en échanges. La journée découverte s’est achevée vers 15h.

Le groupe était à l’écoute, curieux de savoir et de découverte, posant de nombreuses questions. Chacun a amené ses connaissances dans un domaine ou l’autre.

Stéphane Gardien a captivé son auditoire. Ses connaissances très larges du milieu naturel lui ont permis, en plus des orchidées, de parler des autres plantes, des papillons, des araignées rencontrés, ainsi que l’identification des chants d’oiseaux. Stéphane a été simple d’accès avec des explications claires et très imagées. Son humour a déteint sur le groupe et fait passer une agréable journée.

Liste des orchidées vues lors de la sortie :

Grande listère – ophrys mouche – platanthère à 2 feuilles – orchis tachetée – orchis moustique – orchis militaire – orchis pyramidale – orchis mâle – homme pendu – orchis singe – néottie nid d’oiseau – orchis bouc – céphalanthère à longues feuilles – épipactis rouge – ophrys abeille – céphalanthère damasium.

Texte et photos orchidées : Jean- Loup Gaillard

Photo de groupe : Marjorie Lathuilliere

Sortie découverte des oiseaux hivernants à Motz

Le 24 février dernier, Les ARN, sous l’impulsion de Marjorie, notre secrétaire, ont organisé une sortie découverte des oiseaux d’eau hivernant à Motz. Quel drôle de nom ! En réalité, on ne prononce ni le “t” ni le “z”. Motz est une commune de Savoie située près de Seyssel, et elle possède une petite base de loisirs située au bord du Rhône, à la confluence avec le Fier. A cet endroit, de grandes roselières émergent du fleuve, et un sentier permet de les longer sur quelques centaines de mètres. Cette zone est connue pour accueillir de nombreux oiseaux tout au long de l’année. Cette sortie nous a permis aussi de varier les plaisirs, et de changer des marais de l’Etournel, qui lors des dernières sorties ne nous ont pas vraiment offert une grande variété d’espèces à observer.

Ce sont donc Jean-Christophe Delattre, alias moi-même, Patrick Joudrier (ah bon j’anime une sortie oiseaux moi ???) et Manuela Arrot qui ont dégainé tout leur savoir et leurs longues-vues pour accompagner un groupe d’une quinzaine de personnes courageuses, venues braver les risques de pluie pour faire quelques observations…

La sortie s’est avérée plutôt agréable, la pluie ayant été juste évitée. Nous avons pu observer d’entrée quelques magnifiques sarcelles d’hiver. Ce tout petit canard (le plus petit de notre pays et également le plus chassé !) semble venir tout droit d’un bal masqué, bien entendu si l’on parle du mâle, car comme chez la plupart des canards, la femelle est beaucoup plus discrète.

Mâle de Sarcelle d’hiver. Photo: Jean-Christophe Delattre

Notre balade nous a permis de repérer d’autres canards comme le fuligule morillon, bicolore avec sa belle “houppette” derrière la tête, et également des petits passereaux comme le bruant des roseaux et le chardonneret élégant, ce dernier étant venu manger des petites graines sur les arbres au bord de l’eau, arborant ses belles couleurs jaunes et rouges.

Fuligule morillon. Photo: Jean-Christophe Delattre
Chrdonneret élégant. Photo: Jean-Christophe Delattre

A la fin du sentier, quelques yeux encore vifs ont repéré, pour trancher avec les sarcelles d’hiver, l’un des plus gros canards de notre pays, le Tadorne Casarca. Ce beau canard orange/roux n’est normalement pas présent naturellement chez nous, et est sans doute originaire d’oiseaux échappés.

Tadorne casarca. Photo: Jean-Christophe Delattre

Sur le retour, alors qu’une bonne partie du groupe n’était plus concentrée, quelques personnes sérieuses ont repéré un magnifique vol de plusieurs dizaines de grues cendrées très haut dans le ciel, suivi par un 2ème encore plus important passant dans l’autre sens. Cette belle observation a très bien conclu la sortie !

Jean-Christophe Delattre