En mars 2024, La Réserve Naturelle de la Haute Chaine du Jura a donné la possibilité à des bénévoles de participer au suivi des petites chouettes de montagne, mis en place en 2021.
Mais qui sont ces « petites chouettes de montagne » ???
Il s’agit de la Chouette ou Nyctale de Tengmalm et de la Chevêchette d’Europe. Ces 2 espèces affectionnent les grandes forêts mixtes de montagne, et sont particulièrement difficiles à recenser. Imaginez que la chevêchette, la plus petite d’Europe, n’est pas plus grande qu’une pomme ! Sur la réserve comme ailleurs, on manque d’informations sur l’état de santé des populations de ces 2 espèces. Gaëlle, dans un précédent article, nous avait déjà présenté ces petites chouettes ainsi que leur suivi mis en place dans la réserve.
Cette année, le recours à des bénévoles a permis d’augmenter le nombre de sites suivis. J’ai eu la chance, accompagné de Dora, autre bénévole passionnée par les oiseaux, d’appliquer le protocole sur un site de la commune de Péron. Le manque de neige nous a permis de gagner le départ de notre parcours (appelé transect) en voiture, à environ 1100 mètres d’altitude. La suite a consisté à parcourir à pied un transect de 2 kms, au cours duquel nous avons effectué 5 pauses pour écouter la présence des petites chouettes. Pour faire réagir d’éventuels individus présents à proximité, nous avons diffusé à chaque fois durant 3 minutes le chant de la chouette. Cette méthode, appelée « repasse », consiste à faire croire à un individu qu’un intru chante à l’intérieur de son territoire. L’individu va alors chanter en retour pour signaler que le territoire est occupé ! Il est important de signaler que cette « repasse » engendre un stress et un dérangement chez les oiseaux, et qu’elle ne doit donc jamais être utilisée en dehors d’un protocole de suivi justifié !
Le suivi commence 1h30 avant le coucher du soleil. A l’aller, nous tentons de repérer la Chevêchette, qui est une espèce active la journée. Une fois les 2 kms parcourus, c’est la pause casse-croute en attendant la tombée de la nuit. Ensuite, nous revenons sur nos pas et appliquons le même protocole, cette fois à la recherche de la Chouette de Tengmalm.
Sur notre transect, nous étions bredouille jusqu’à l’avant dernier point d’écoute, où une Chouette de Tengmalm a réagi à la repasse et s’est mise à chanter tout près de nous durant plusieurs minutes ! Un moment magique et aussi un peu frustrant, car dans le noir, impossible de voir quoi que ce soit !
Un 2ème passage effectué 2 semaines plus tard ne nous a pas permis de réitérer ce contact avec la petite chouette. Sur l’ensemble des 4 sites suivis cette année, la Chouette de Tengmalm a été contactée à plusieurs reprises, en revanche la Chevêchette n’a pas été trouvée.
Ce suivi a été l’occasion de nous obliger à passer du temps en montagne de nuit et de découvrir des ambiances que nous n’avons pas l’habitude de côtoyer. Le suivi est reconduit en 2025, et c’est avec plaisir que nous y retournerons !
Jean-Christophe Delattre