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C’est le mois des hérissons !

Photo Wikicommons / Piotr Laskawski
 

Le réseau d’associations de protection de la nature FNE (France Nature Environnement), dont font partie les ARN, fête ce mois-ci son emblème : le hérisson. L’occasion d’en savoir un peu plus sur cet animal attachant et pourtant souvent malmené par nos activités. Rencontre.

Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, je suis un hérisson, autrement appelé Erinaceus europaeus. Je suis un Mammifère, tout comme vous, mais de la famille des Insectivores.

Où vivez-vous ?

Je suis plutôt cosmopolite. Vous pouvez me rencontrer dans une grande diversité de milieux, du fond des forêts jusqu’à vos jardins, avec une prédilection pour un bocage diversifié et riche en haies. En revanche, je ne suis pas un montagnard dans l’âme donc on me voit rarement au-delà de 1 500 m d’altitude.

Faites-vous partie des petits mammifères qui se reproduisent en nombre ?

Tout d’abord, je ne suis pas si petit que cela : entre 800 g et 1,2 kg ! Pour ce qui est de ma reproduction, elle peut avoir lieu de mars à août et il est vrai que chaque portée peut avoir jusqu’à 7 jeunes et que nous pouvons avoir deux portées par an, avec des naissances entre mai et septembre. Mais de là à considérer que je me reproduis « en nombre », tout est relatif…

Et qu’en est-il de vos périodes d’inactivité ?

Tout d’abord, je suis un animal crépusculaire à nocturne donc surtout actif quand vous dormez ! Il m’arrive d’avoir une activité diurne donc pas de panique si vous me voyez de jour !

Au cours d’un cycle annuel, l’absence de nourriture en hiver a « poussé » mes ancêtres, au fil de l’évolution, à entrer en hibernation durant les mois d’hiver. C’est instinctif : quand la luminosité et la température baissent, ainsi que la disponibilité alimentaire, j’entre dans un long sommeil (de novembre à mars, en général) durant lequel toutes mes fonctions sont ralenties. La température de mon corps peut tomber à 4°C. Je peux néanmoins être actif en hiver, notamment en cas de redoux durable.

Dans tous les cas, c’est une étape difficile dont tous les hérissons ne sortent pas indemnes… d’autant plus s’ils sont dérangés, par exemple par une tronçonneuse ou par des enfants un peu trop enthousiastes à l’idée de nous admirer, car une telle perte d’énergie entame sérieusement nos réserves d’énergie.

Quelle est votre durée de vie ?

En théorie, c’est-à-dire dans les cas extrêmes observés en captivité, je peux vivre jusqu’à 10 ans. En réalité, je m’estime déjà privilégié d’avoir pu fêter ma deuxième bougie car les dangers sont nombreux…

Quels sont vos prédateurs ?

Mon pire ennemi : le blaireau. Le renard, le loup ou le chien peuvent aussi nous mettre occasionnellement à leur menu mais nous sommes plus fréquemment croqués par des rapaces.

Vous êtes pourtant bien équipés contre les prédateurs, avec vos célèbres piquants…

C’est certes une armure efficace (j’en porte jusqu’à 7 000 !) mais pas pour autant sans faille, notamment face aux redoutables griffes du blaireau. Nos piquants ne sont pas des épines. Ils sont constitués de kératine, comme vos cheveux et vos ongles.

J’en profite, au passage, pour préciser que, contrairement à une histoire que vous continuez à raconter, NON, les renards n’urinent pas sur nous afin que nous leur présentions notre fragile abdomen (soupir)…

Mais mes prédateurs naturels, y compris les parasites et maladies, ne sont pas un problème pour la survie de mon espèce, contrairement à…

… Laissez-moi deviner… l’espèce humaine ?

Et oui, alors que mon espèce est protégée par vos lois ! Nous vous subissons principalement de trois façons. Tout d’abord, nos piquants ne sont pas plus efficaces contre les roues de vos véhicules que contre les griffes des blaireaux. Mais ceux-ci nous tuent pour se nourrir, sans excès, alors que vos voitures… Nous sommes au moins 700 000 chaque année à finir en funeste galette.

Quelle idée, aussi, de traverser des routes !

Tout est question de point de vue… Je trouve que c’est plutôt vous qui construisez routes, habitations et autres centres commerciaux sur (presque tous) les espaces où nous vivions tranquillement (bien que pas toujours pacifiquement) avec de nombreuses autres espèces ! Nous ne savons plus où aller et nous avons besoin de nous déplacer : lorsque nous quittons notre « famille », pour trouver notre nourriture ou un partenaire sexuel… c’est vital !

Photo Wikicommons / George Chernilevsky

Vous vous êtes pourtant bien adaptés à nos jardins.

Oui, quand vous ne les clôturez pas de murs et grillages parfaitement hermétiques dans votre manie d’avoir un jardin « bien net, bien propre » ! Sans parler de vos abominables murs végétaux de thuya ou de laurier. Si vous pouviez laissez un petit passage adapté à notre taille (20 cm x 20 cm) dans vos clôtures et des arbres champêtres dans vos haies… Fort heureusement, certain.es d’entre vous le font, tout comme ils aménagent des tas de feuilles mortes et de branches pour nous offrir un lieu d’hibernation en remplacement de tous les endroits que nous avons perdus. Mais nous sommes loin du compte.

Exemple de passage pour petite faune dans un mur (Photo Groupe Mammalogique Normand)

Et quel est le troisième fléau dont vous vouliez nous parler ?

Les pesticides ! Vous êtes encore trop nombreuses et nombreux (oui, les hérissons utilisent l’écriture inclusive !) à en utiliser dans vos jardins potagers ou d’agrément, notamment pour lutter contre les limaces. Vous nous tuez ainsi alors que nous sommes un prédateur très efficace de ces limaces !

Vous n’êtes pas insectivore ?

Bien sûr, les insectes sont au menu de mon espèce mais nous mangeons en réalité toutes sortes de petits animaux (araignées, mollusques, vers de terre, etc.), des œufs, des graines, des fruits… Tout ce qui est naturel, comestible et qui rentre dans notre petite bouche, en réalité. Par contre, même si nous n’y résistons pas, merci d’éviter lait, pain et croquettes pour chats… Ils peuvent notamment provoquer de terribles diarrhées (pouvant être mortelles) et nous sommes capables de trouver notre nourriture seul.es ! Par contre, nous ne sommes pas contre une coupelle d’eau en période de fortes chaleurs. Elle servira aussi à beaucoup d’autres animaux !

Nous sommes de vrai.es allié.es du jardinier ! Alors, si vous ne rendez pas votre jardin plus accueillant pour nos beaux piquants, faites-le pour vous !

Est-ce pour cela que vous êtes l’emblème de FNE ?

Pas tout à fait. C’est en 1981 que nous avons eu l’honneur d’être choisi comme animal totem de ce réseau d’associations de protection de la nature. C’est logique : si on nous caresse dans le sens des piquants en acceptant la discussion lors de concertations, tout va bien, mais si on nous agresse, nous sortons les piquants !

La fête des hérissons qui aura lieu du 23 au 29 septembre sera-t-elle en mode caresse ou en mode piquants ?

Les deux ! L’ensemble du réseau FNE, auquel appartiennent les Ami.es de la Réserve Naturelle, vous propose 1001 manières de s’engager pour la nature. Vous trouverez toutes les informations sur la page dédiée du site Internet de FNE. Si vous souhaitez mieux connaitre FNE Ain, association amie des ARN, voire discuter de votre engagement éventuel dans une de ses actions, vous êtes les bienvenu.es à Bourg-en-Bresse pour un apéro de rentrée des hérissons de l’Ain jeudi 26 novembre à partir de 18h. N’hésitez pas à nous contacter pour un co-voiturage !

Parmi les actions menées partout en France depuis des années en faveur de notre espèce, donc bénéfiques, plus généralement, à la biodiversité, vous pouvez participer à l’opération hérisson : un recensement participatif pour que vous puissiez mieux nous connaitre afin de mieux nous protéger !

Alors, à nous de jouer ! Merci à vous et… bon courage !

Marjorie Lathuillière