Carnet de terrain

Cette année a été un peu différente pour l’observation animale. En général, les premières fenaisons commencent fin mai, avec l’opportunité d’observer les premiers mulotages de maître Goupil.

Mais cette année, les pluies n’ont pas permis aux agriculteurs de couper leur foin à la période habituelle. L’herbe des prairies est restée très haute jusqu’en juillet. Cela a permis à la faune sauvage de pouvoir sortir davantage de la forêt sans être vue. Même le colza était très haut, impossible de repérer une seule tête de chevreuil au-dessus!!!

Une fois les prés fauchés, en juillet, mes rencontres « renardesques » sont été assez rares. Piégeages, tirs, maladies, je n’ai pas trop d’explications. J’avais notamment suivi un couple depuis le rut en février jusqu’au mois de mai, mais par la suite je ne l’ai plus revu. Mes prospections autour des terriers au mois d’avril-mai n’ont pas été fructueuses non plus, m’indiquant sans doute peu de naissances.

Peu de renards, mais en contrepartie, pas mal de chevreuils ! Et le petit bonus de l’été, la rencontre furtive du chat forestier !

Le brocard dans différents décors.

Le guêpier d’Europe est reparti fin août cette année.

Pas mal de lièvres cette année, peut-être moins de prédation des levreaux par les renards.

Pour clôturer l’année, voici mon nouveau calendrier 2025.

En format 2 x A4 à 25 €, ou en petit format à poser sur un bureau à 15 €. Une part est reversée au profit des ARN. Pour vous procurer un calendrier, n’hésitez pas à contacter les ARN. Vous pouvez aussi me contacter directement sur Facebook ou Instagram.

Gilbert Fortune

La petite bibliothèque idéale – Septembre 2024

« Extraordinaires oiseaux »

Collectif d’auteurs ; édition Salamandre ; sortie Octobre 2024

Ce beau livre, publié en partenariat avec la station ornithologique Suisse de Sempach, rend hommage aux oiseaux d’Europe.

Les magnifiques photos de 14 photographes naturalistes nous font découvrir ces oiseaux, du plus familier comme le rouge-gorge au plus majestueux comme l’aigle royal.

Elles sont accompagnées par des textes d’ornithologues reconnus, apportant des informations insolites ou les dernières découvertes scientifiques sur l’espèce.

« Vertige -édition augmentée : Dix ans d’enquêtes sur la crise écologique et climatique »

Collectif d’auteurs ; édition la revue dessinée/Casterman ; sortie Août 2024

La « revue dessinée » fête ses 10 ans et pour l’occasion avec ce livre, elle nous présente un florilège de ces meilleurs reportages graphiques d’investigations.

Ces différents reportages couvrent tout le spectre de la crise écologique et climatique.

Ainsi nous aborderons le thème du réchauffement climatique et ses conséquences en cascades (dans « Et pourtant Total savait » et « Suivez le guide ») ; l’agro-industrie et l’agriculture intensive (avec « Alerte aux algues vertes ») ; l’extinction de la biodiversité et la surexploitation des ressources naturelles de la planète (« nature à tout prix » et les crimes du mobile »).

A chaque fois, un journaliste et un dessinateur différent, nous apportent des éclaircissements et différents points de vue sur le sujet traité.

« Verts »

De Patrick Lacan et Marion Besançon.

Édition rue de Sèvre ; sortie Mai 2024

Dans cette fable écologique, une vague de mutation végétal transforme l’humanité : le végétal recouvre les cités, des enfants naissent avec des feuilles sur le visage et des personnes âgées se régénèrent en bourgeonnant.

L’humanité va-t-elle continuer à se battre contre la nature ou essayer de vivre en harmonie avec elle ?

Le très beau dessin en noir et blanc puis en couleur de Marion Besançon nous fait découvrir la beauté de la nature et nous fait réfléchir à notre rapport avec elle.

« Le vivant à vif »

De Bruno David et Simon Hureau

Edition Rue de Sèvre ; sortie Avril 2024

Cette adaptation graphique de « A l’aube de la 6ième extinction » de Bruno David, nous fait suivre les réflexions de deux jeunes lycéens, Salomé et Félicien, lors de la réalisation d’un exposé sur l’extinction de la biodiversité. Ils vont être épaulé dans cette tâche par Iris, une jeune scientifique, et ainsi découvrir la richesse de la biodiversité, les conséquences de l’exploitation intensive de la nature et les solutions possibles pour la protéger.

Plutôt destiné à un public jeunesse, de par l’identification aux personnages lycéens, il peut aussi s’adresser à tout public à la recherche d’informations sur la biodiversité.

Le dessin léger et coloré de Simon Hureau, met en valeur le sujet de la biodiversité et de sa protection.

« Reprendre la terre aux machines -manifeste pour une autonomie paysanne et alimentaire »

De L’atelier Paysan ; édition points ; sortie en 2023

Ce manifeste de la coopérative « L’atelier paysan » fait une critique radicale de notre modèle alimentaire industriel et marchand.

Il étudie les processus financiers et industriels qui nous ont amenés à l’impasse actuelle et évoque les conséquences sociologiques de ce modèle : la perte des savoirs-faires artisanaux, la perte du contact avec la nature et la dépendance des paysans à l’industrie.

Il explique aussi les verrous qui empêche de sortir de ce système et propose de nombreuses alternatives comme mettre en place une sécurité sociale de l’alimentation, développer l’éducation populaire, s’opposer à la robotisation et relocaliser l’accès à la terre.

Laurent Nibbio

Le ballet des papillons de nuit

Après déjà 2 reports pour cause de pluie battante, nous avons décidé de maintenir notre sortie papillons de nuit le samedi 24 août malgré une météo annoncée plutôt mitigée.

Au départ du parking du Mont Mourex, Stéphane Gardien, notre guide pour cette sortie, est lourdement chargé de livres spécialisés, boites de collecte d’insectes et lampe à UV : le matériel dont nous aurons besoin pour attirer puis identifier les papillons parmi les quelques 5’500 hétérocères (c’est-à-dire les espèces de papillons de nuit) vivant en France !

Nous apprenons d’ailleurs à cette occasion que les papillons de jour, eux, ne sont que 20 fois moins soit 250 espèces environ…et sont beaucoup mieux connus que leurs compères nocturnes.

Nous cheminons dans la prairie sèche, traversons quelques ronces et arrivons vers un espace parsemé d’arbres que Stéphane juge utiles pour nous protéger du vent – car les papillons n’aiment pas du tout le vent-, tout en étant suffisamment ouvert pour nous permettre d’installer une lampe à UV spéciale et un drap sur lequel viendront se poser les insectes nocturnes attirés par la lumière ultraviolette.

Belle surprise : une jolie mante religieuse qui apporte ses airs d’alien à notre soirée.

Première épreuve de la soirée : Stéphane teste nos connaissances sur les insectes et la classification des différentes espèces : une araignée est-elle un insecte ? une fourmi ? et une mouche ?

(petit rappel : on estime qu’il existe 3 à 8 millions d’espèces d’insectes dans le monde et c’est le groupe d’animaux le plus diversifié sur Terre. Un insecte a un corps en 3 parties distinctes – tête, thorax et abdomen, 6 pattes articulées, souvent mais pas toujours des ailes, des antennes et un exosquelette).

C’est l’occasion de réviser nos lointaines notions de grec et de latin qui se révèlent toujours utiles pour se repérer entre les :

  • Les diptères (mouches, moustiques) avec leurs 2 ailes,
  • Les hyménoptères (abeilles, guêpes, fourmis) et leurs ailes membranées,
  • Les coléoptères (scarabées, coccinelles ou hannetons) avec leurs ailes en fourreau,
  • Les orthoptères (grillons, sauterelles et criquets) et leurs ailes droites
  • Ou encore les lépidoptères (les papillons) et leurs ailes à écailles qui sont les stars de notre soirée.

Guidés par Stéphane, nous retraçons ensuite les 4 stades du cycle de la vie de nos lépidoptères : les œufs, la chenille (larve), la chrysalide (nymphe), et le papillon adulte (imago) qui apparait après sa fameuse métamorphose.

Nous piqueniquons en attendant la tombée de la nuit, avec une dégustation de tomates cerises de Patrick, du gâteau au chocolat de Tamara ou de la tarte aux prunes de Jean-Christophe.

Le vent s’est malheureusement levé et les conditions ne sont pas les meilleures pour les papillons…néanmoins, nous commençons à voir se poser différents insectes sur le drap posé autour de la lampe.

Deuxième épreuve : aller délicatement collecter chaque insecte dans un flacon transparent puis le ramener vers le groupe.

Troisième épreuve : procéder à l’identification du papillon, grâce aux livres de Stéphane et surtout à sa grande connaissance des espèces. S’agit-il d’un papillon de la famille des géomètres, des écailles, des noctuelles, des drépanes ou des bombyx ?

Nous sommes surpris par la variété des formes d’ailes, d’antennes (les papillons de nuit étaient autrefois appelés hétérocères ce qui signifie “antennes de formes différentes”) et de couleurs : la Citronnelle rouillée toute de jaune vêtue, la pyrale du buis toute jolie en noir et blanc, la noctuelle du coudrier beaucoup plus sobre en brun, le Crambus des chaumes avec son nez pointu, L’Hameçon avec sa coloration ocre orangée sans compter la zeuzère du poirier qui a des airs de petit poisson volant argenté.

Zeuzère du poirier

La pluie menace…nous relâchons les papillons et sommes obligés de plier bagage et de battre en retraite mais nous avons tout de même pu identifier plus de 19 espèces différentes de papillons de nuit !

Naissance de Bambi au marais de l’Etournel

Voici une petite histoire rafraichissante pour la rentrée.

Le vendredi 3 mai, après-midi, j’étais au marais de l’Etournel au poste d’observation couvert situé tout au fond. Je viens régulièrement ici, il y a toujours quelque chose à observer et à photographier.

Vers 17h, j’aperçois une biche à 20 mètres devant mon poste qui traverse l’espace découvert et s’enfonce ensuite dans les roseaux en bordure. Je me fais la réflexion qu’elle est pleine et qu’elle cherche un endroit pour mettre bas d’ici peu.

Le mercredi 8 mai, en début d’après-midi, je vais de nouveau passer un moment à l’ Etournel.

Un couple d’habitués présent m’indique, avant de partir, qu’un petit faon est couché sur l’espace enherbé devant l’affût à environ 30 mètres. L’herbe est très basse, mais on ne le voit pas du tout.

Au bout d’une ½ heure, je l’aperçois qui se lève et se recouche aussitôt (complètement invisible). Je pense que la biche vue vendredi a dû mettre bas.

1 heure plus tard, je vois la biche, en lisière de la roselière, en train de manger des feuilles d’arbres. Puis elle traverse le bras d’eau et se dirige en direction du faon. Celui-ci se lève au dernier moment (il a déjà assimilé le fait de rester caché).

Ils se sont sentis, puis Bambi a fait sa tétée. Une fois celle-ci accomplie, ils sont restés quelques instants debout. Ensuite la biche est repartie d’où elle était venue sans se retourner. Bambi l’a suivie sans hésiter avec une démarche pas encore très assurée.

C’était vraiment féérique à voir.

Spectacle rare qui récompense des heures d’affût.

L’été a passé. Je retourne régulièrement à cet endroit calme et reposant, me demandant ce que devenaient Bambi et sa mère.

Mercredi 31 juillet, ayant un moment de libre, je descends de nouveau au marais. Et là surprise : au bout d’une ½ heure, Bambi et sa mère apparaissent devant moi. Ils broutent tranquillement l’herbe durant un bon quart d’heure.

Bambi a bien grandi et semble vigoureux. Il a encore des tâches sur son pelage. A 3 mois, c’est maintenant Bambi junior.

Voici une histoire sympathique comme la nature sait nous en conter parfois.

Bien sûr, cela nécessite de la patience, de la persévérance, de la discrétion, d’être en éveil et à l’écoute (tout cela en respectant l’habitat de la faune et de la flore).

Ce sont toujours des petits moments de bonheur et d’admiration.

Profite bien de la vie Bambi. Et fais attention, si tu aperçois des individus rougeots, affublés de gilets fluo oranges et tenant en main des bâtons de feu : enfonces toi au plus profond des bois jusqu’au printemps.

Texte et photos : Jean-Loup Gaillard

Photos de saison

Quelques images de la période estivale.

Le renard, très utile pour réguler les nombreux micro-mammifères qui envahissent les cultures.

Un allié incontestable de part ses prédations naturelles à l’agriculteur.

C’est aussi la période ou les chevrettes commencent à sortir à découvert avec leurs faons.

Cette année est particulière avec ces jours de pluie assez régulier qui perturbent les fenaisons.

Ça ne gène en rien la faune sauvage comme ici le lièvre qui se délecte sous la pluie.

Texte et photos: Gilbert Fortune