Conte de Noël : Ranard le renard

Il était une fois, dans un petit hameau paisible niché au pied de la forêt gessienne, un renard dénommé Ranard.

Ce lieu était son royaume. Il se promenait régulièrement dans les rues, les cours, passait d’une maison à l’autre visiter les jardins et vergers anciens.

Il avait établi sa tanière sous un abri en bois dans un jardinet.

Le soir venu, il cherchait sa nourriture et furetait de ci, de là. Il y a beaucoup de mulots et campagnols dans ce secteur. De temps en temps, il améliorait l’ordinaire avec les restes et déchets laissés par les habitants.

La vie était douce et tranquille entre les jeux, la sieste et la recherche de nourriture dans ce havre de paix habité par des personnes amoureuses de la nature.

Hélas, un hiver, de gros nuages vinrent assombrir la vie de Ranard et ses congénères.

Ceux-ci commencèrent à disparaitre mystérieusement.

Il s’avéra vite que ceci n’était pas dû à une cause naturelle. Des individus en gilet fluo orange (remember Bambi à l’etournel) avaient sévi aveuglement par haine des renards soi-disant nuisibles (piégeage, enfumage, appâts empoisonnés, j’en passe et des meilleures).

Ranard et sa compagne échappèrent à ce carnage et devinrent très méfiants.

Le printemps arriva et madame renarde commença à voir son ventre s’arrondir. Une portée de petits renardeaux allait arriver.

Quelques semaines plus tard,7 petites boules de poils roux batifolaient dans l’herbe, insouciantes du monde environnant.

Ranard et sa compagne ne comptait pas leur temps pour les nourrir.

Mais ils étaient heureux d’avoir pu engendrer une nouvelle lignée.

Malgré la rudesse du climat, les pièges de toutes sortes et la bêtise humaine, la vie animale continue et se perpétue plus forte que tout depuis des milliers d’années.

Texte et photo renarde pleine : Jean-Loup Gaillard

Photos :Gilbert Fortune

Retour sur le suivi des petites chouettes de montagne 2024

En mars 2024, La Réserve Naturelle de la Haute Chaine du Jura a donné la possibilité à des bénévoles de participer au suivi des petites chouettes de montagne, mis en place en 2021.

Mais qui sont ces « petites chouettes de montagne » ???

Il s’agit de la Chouette ou Nyctale de Tengmalm et de la Chevêchette d’Europe. Ces 2 espèces affectionnent les grandes forêts mixtes de montagne, et sont particulièrement difficiles à recenser. Imaginez que la chevêchette, la plus petite d’Europe, n’est pas plus grande qu’une pomme ! Sur la réserve comme ailleurs, on manque d’informations sur l’état de santé des populations de ces 2 espèces. Gaëlle, dans un précédent article, nous avait déjà présenté ces petites chouettes ainsi que leur suivi mis en place dans la réserve.

Chevêchette d’Europe.
Crédit: Frank Vassen from Brussels, Belgium — Eurasian Pygmy Owl (Glaucidium passerinum), Eastern Belgium, CC BY 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=43769829

Cette année, le recours à des bénévoles a permis d’augmenter le nombre de sites suivis. J’ai eu la chance, accompagné de Dora, autre bénévole passionnée par les oiseaux, d’appliquer le protocole sur un site de la commune de Péron. Le manque de neige nous a permis de gagner le départ de notre parcours (appelé transect) en voiture, à environ 1100 mètres d’altitude. La suite a consisté à parcourir à pied un transect de 2 kms, au cours duquel nous avons effectué 5 pauses pour écouter la présence des petites chouettes. Pour faire réagir d’éventuels individus présents à proximité, nous avons diffusé à chaque fois durant 3 minutes le chant de la chouette. Cette méthode, appelée « repasse », consiste à faire croire à un individu qu’un intru chante à l’intérieur de son territoire. L’individu va alors chanter en retour pour signaler que le territoire est occupé ! Il est important de signaler que cette « repasse » engendre un stress et un dérangement chez les oiseaux, et qu’elle ne doit donc jamais être utilisée en dehors d’un protocole de suivi justifié !

Chouette de Tengmalm.
Source: https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=227127

Le suivi commence 1h30 avant le coucher du soleil. A l’aller, nous tentons de repérer la Chevêchette, qui est une espèce active la journée. Une fois les 2 kms parcourus, c’est la pause casse-croute en attendant la tombée de la nuit. Ensuite, nous revenons sur nos pas et appliquons le même protocole, cette fois à la recherche de la Chouette de Tengmalm.

Source: https://wallhere.com/fr/wallpaper/566412

Sur notre transect, nous étions bredouille jusqu’à l’avant dernier point d’écoute, où une Chouette de Tengmalm a réagi à la repasse et s’est mise à chanter tout près de nous durant plusieurs minutes ! Un moment magique et aussi un peu frustrant, car dans le noir, impossible de voir quoi que ce soit !

Un 2ème passage effectué 2 semaines plus tard ne nous a pas permis de réitérer ce contact avec la petite chouette. Sur l’ensemble des 4 sites suivis cette année, la Chouette de Tengmalm a été contactée à plusieurs reprises, en revanche la Chevêchette n’a pas été trouvée.

Ce suivi a été l’occasion de nous obliger à passer du temps en montagne de nuit et de découvrir des ambiances que nous n’avons pas l’habitude de côtoyer. Le suivi est reconduit en 2025, et c’est avec plaisir que nous y retournerons !

Jean-Christophe Delattre

Roger Anselme

Roger ANSELME vient de nous quitter, fin septembre, à 90 ans. Instituteur jusqu’à sa retraite à Farges, il a largement été engagé dans l’action citoyenne et associative de son village. Il a, parmi bien d’autres actions, dès les années 1970’ porté avec ses amis de l’ADACOS, la rénovation et l’ouverture du chalet de Pré-Bouillet, situé à 1050 m d’altitude, comme refuge de montagne pour les randonneurs. Il a aussi longtemps été un journaliste de talent au style concis et affuté, parfois même roboratif quand il rapportait les propos du « Joran », à l’image de ce vent du Jura qui décoiffe !

Roger Anselme au Gralet avec Julie Warrillow

Il est l’un des fondateurs des ARN, aux côtés de Louis BURNOD, qu’il a suivi en 1979, prenant quelques distances avec AGENA, l’Association Gessienne de Défense de la Nature, lorsque celle-ci, inspiratrice de la Réserve naturelle, commença à polémiquer à propos des titanesques infrastructures du CERN (le LEP et la suite …). Quand en 1988 Louis Burnod, lassé par les atermoiements, démissionna avec éclat de la présidence, Roger Anselme, 1° vice-président et qui avait toute légitimité, tout comme son fidèle partenaire Jacques Duthion, pour prendre la suite, préféra rester en retrait. Ce qui ne l’empêcha pas de jouer un rôle déterminant, à plus d’une reprise, dans la longue et douloureuse gestation de la Réserve naturelle. Il était de bons conseils, attentif à ce que l’association soit lucide dans ses demandes et rigoureuse dans la conduite des dossiers.

Ses fonctions « politiques »  (il était 1° adjoint de sa commune et, peu après, délégué communautaire au SIGEP) l’obligeaient à avoir une certaine distance vis-à-vis du militantisme de l’association. Bien que classé de « Gauche » et représenter une petite commune du Sud Gessien, brocardé par les riches communes nanties du Nord Gessien, sa probité et sa rigueur, reconnues pas tous, faisaient de lui un homme de confiance, incontournable sur ce dossier dont il connaissait tous les aspects …  . Il a, le plus souvent, représenté les Elus gessiens dans les missions officielles avec l’Administration, à Gex, Bourg-en-Bresse, Lyon ou, même, Paris. C’est ainsi qu’en mars 1991, avec Jacques Bordon et le Sous-Préfet de Gex, le trio a plaidé avec succès le dossier devant le CNPN (Conseil National de Protection de la Nature). C’est aussi lui qui a suggéré aux élus, à l’issue d’une visite de la RN des Hauts-Plateaux du Vercors avec le Chargé de mission du Ministère, Jean-Paul CAMEL, en 1992, la « formule magique » de GERNAJRA, pour gérer la Réserve naturelle, associant 6 entités, pas moins ! …. Et dont il reconnaîtra lui-même, 10 après, la vanité, chacune d’entre elles tirant à hue et à dia.

Il est longtemps resté fidèle aux ARN, participant aux randonnées sur la Haute Chaine et aux multiples manifestations organisées avec le SIGEP (puis la CCPG) et nos « partenaires » institutionnels : l’ONF et le PNR du Haut-Jura.

C’est un compagnon –un de plus !- pas le moindre qui nous quitte.

Pierre-Maurice LAURENT

Retour sur le festival « Salamandre » du 25 au 27 Octobre 2024 à Morges-Beausobre :

Comme chaque année à la fin octobre, le festival « Salamandre » est revenu nous enchanter avec un florilège de films, d’expositions et d’animations sur la nature.

Des espaces accueillent aussi le Labo Forum qui regroupe les associations de protection de la nature et la galerie des artistes avec des photographes, peintres et sculpteurs naturaliste.

Source: https://www.festival-salamandre.org

Cette 22ième édition a eu pour thème « eau vive ! ».

Grâce aux différents films, expositions et animations, nous avons pu découvrir et nous familiariser avec la biodiversité des rivières, des mers et ainsi comprendre l’importance de leur protection.

  • Les films :

Le vendredi et le samedi, 2 grandes soirées se sont tenues au théâtre de Beausobre.

La première, nous a emmenée au cœur des actions menées par les membres de Sea Shepherd pour la préservation de la Méditerranée avec le film « Les sentinelles de la mer », suivi d’un débat avec des membres de l’équipage.

La seconde nous a offert une plongée dans les cours d’eau, de leurs sources glaciaires à la mer, avec le film « Eau vive ». Un débat s’est tenu avec le photographe Rémi Masson et le militant Roberto Epple.

            Les différents films de la sélection nous ont fait découvrir la biodiversité des rivières (« Castor, la force de la nature », « Odyssée mare ») ou de la Méditerranée plus lointaine (« Pelagos, au cœur de la Méditerranée », « Silence en Méditerranée).

  • La grande exposition :

            L’exposition « Au tour de l’eau » nous a présenté les très belles vasques en céramique de Pauline Tornare. Les différentes formes de vie aquatiques dessinées sur ces vasques (éphémères, potamot, truite fario) et la scénographie de l’exposition, nous a transporté pour une belle balade le long d’une rivière.

Source: https://www.festival-salamandre.org
  • Les conférences et les spectacles :

            Plusieurs photographes comme Stéphane Granzotto  ou Laurent Echenoz nous ont partagé leurs expériences et leurs anecdotes de photographes naturalistes.

            Plusieurs dessinateurs naturalistes dont l’aquarelliste Laurent Willenegger, nous ont fait découvrir leur métier et la façon de travailler en extérieur pour pouvoir peindre la nature.

  • Les animations jeunesse :
Source: https://www.festival-salamandre.org

            Les tout-petits ont pu découvrir un espace sensoriel et créatif pour découvrir une forêt en touchant, sentant et écoutant les arbres, les plantes et les animaux de la forêt.

            Les plus grands se sont amusés à l’atelier bricolage et au jeu de piste.

Cette très belle édition s’est passée sous un temps clément et a été très appréciée par le public. Nous attendons avec impatience l’année prochaine qui développera le thème des « métamorphoses ».

Laurent Nibbio.

La petite bibliothèque idéale de Novembre

« Rendre l’eau à la terre »

de Baptiste Morizot et Suzanne Husky ; édition Acte Sud ; sortie Octobre 2024

Cet essai de Baptiste Morizot publié dans la collection « Mondes sauvages », bénéficie d’une mise en page originale sous forme de petits paragraphes numérotés. Il est accompagné de très belles illustrations à l’aquarelle de Suzanne Husky.

La collection « Mondes sauvages » a pour vocation de donner la parole à des auteurs qui nous font découvrir des stratégies originales pour être à l’écoute des êtres vivants et faire monde commun avec eux.

Dans ce livre les auteurs abordent les problèmes d’asséchement des rivières et d’appauvrissement des milieux humides dans notre monde moderne sous un angle nouveau.

A travers l’exemple du castor et de ses bienfaits pour les milieux humides  (ralentissement, infiltration et purification de l’eau dans les sols),  les auteurs nous invitent à reconsidérer notre rapport avec le vivant.

Ils apportent aussi des solutions originales pour mieux cohabiter avec notre environnement.

« Anita Conti »

de José-Louis Bocquet et Catel Muller ; édition Casterman ;sortie Septembre 2024

Ce roman graphique en noir et blanc est le dernier volume en date de la collection « Les clandestines de l’histoire ».  il nous fait découvrir, à chaque fois, la vie d’illustres femmes qui ont marquées leur époque comme Josephine Backer ou Alice Guy.

Il retrace la vie de l’océanographe Anita Conti, de son enfance au large de Lorient à ses combats écologiques pour préserver les océans.

Grâce à diverses disciplines comme la photographie, le cinéma ou le journalisme, elle cherche à nous montrer les mystères de l’océan et à nous alerter sur les dangers de la pollution des mers et de la surpêche.

Elle sera aussi une pionnière de l’aquaculture pour tenter d’apporter une solution à ces problèmes.

Cette BD se conclut par différentes notes bibliographiques : une chronologie des grands événements de la vie d’Anita Conti et une présentation des différentes personnalités scientifiques qu’elle a rencontrée durant sa vie comme le commandant Cousteau.

« Les mille vies du castor »

de Rémi Masson, Christof Angst et Cécile Auberson ; sortie Septembre 2024

Ce beau livre raconte le retour du plus grand rongeur d’Europe et loue ces effets bénéfiques sur la biodiversité.

Grâce aux superbes photos de René Masson, photographe subaquatique Français, nous rentrons dans l’intimité de cet animal nocturne et discret.

Les textes de deux spécialistes de ce mammifère, à travers des anecdotes insolites, nous font découvrir sa vie et comment il façonne l’environnement pour favoriser la biodiversité.

« La revue dessinée n°45-Automne 2024 »

De Simon Gouin, Jean Cremers et Martin Delacoux, Valentine de Lussy ; sortie Septembre 2024

La revue dessinée de cet automne consacre deux de ces reportages dessinés à l’écologie et à la biodiversité.

Le premier, « Quand la mer monte », nous parle de l‘aménagement et de la bétonisation du littoral de la Manche, de la montée des eaux qui se poursuit inexorablement et de l’engagement de certains citoyens pour repenser l’aménagement du littoral.

Le second, « Leurs temps est comté », fait la relation entre l’augmentation de la production du comté dans les départements du Doubs et du Jura et l’augmentation de la pollution des rivières Francs-comtoises.

Ce qui pose la question suivante : Peux-t’on continuer longtemps à augmenter la production de comté, tout en préservant la biodiversité des rivières ?

Laurent Nibbio