Le 14 mars 2023 à Sergy a eu lieu l’atelier « Traces et indices de présence de la faune », animé par Marjorie et Patrick. Cela n’a pas empêché la quinzaine de participants d’avoir été souvent mis à contribution grâce à une ardoise leur permettant de répondre à de petits quiz tout au long de la partie théorique.
Les principaux indices de présence
L’atelier a commencé par introduire le fait que l’on observe beaucoup plus d’indices de présence que d’animaux en direct, ces derniers sortant le plus souvent au crépuscule ou de nuit. Et lorsque l’on sait déceler et reconnaître des traces d’animaux, les sorties dans la nature prennent une toute autre dimension ! Bien que les indices de présence soient extrêmement nombreux, l’atelier s’est concentré sur les trois principaux: les empreintes de pas, les restes de repas et les fèces (crottes).
L’utilité des clés de détermination
A part celles des oiseaux, les empreintes de pas peuvent être catégorisées en trois grands groupes: les plantigrades (blaireau, hérisson, etc.), les digitigrades (renard, lynx, etc.) et onguligrades (chevreuil, chamois, etc.). Après avoir passé en revue une partie des empreintes des espèces que l’on peut trouver dans la Réserve, la présentation de clés de détermination a permis au public en délire de trouver par eux-mêmes à qui appartenaient les différentes empreintes affichées lors du diaporama. Chats forestiers, loups, renards, lynx, martres, hermines, belettes, lièvres, chamois, chevreuils, cerfs, écureuils, blaireaux, mulots… tout y est passé et nos participants sont désormais incollables ! En revanche, pour différencier les empreintes d’un loup de celles d’un chien de même corpulence, seule une belle piste sur plusieurs dizaines de mètres permet d’en acquérir une meilleure certitude. Nous avons donc aussi abordé les voies et les pistes ainsi que les différentes allures des animaux.
Les restes de repas
Concernant les restes de repas, la façon dont les différents animaux (écureuils, rongeurs, oiseaux…) mangent les cônes de pin, les noix ou noisettes a aussi été abordée.
Pour finir, la partie théorique s’est achevée sur les fèces avec quelques photos et dessins de crottes puis après la théorie est venu le temps de la pratique, debout autour d’une grande table remplie d’indices.
Les candidats ont réussi l’examen théorique !
Différentes planches d’animaux avaient été préparées avec des emplacements vides où les participants devaient piocher parmi une multitude d’empreintes en résine en grandeur réelle, photos de pistes ou d’habitats, vrais restes de nourriture ou fèces (qu’on se rassure, dans des bocaux en verre !) pour les placer sur le bon animal. A l’aide des clés de détermination distribuées pendant l’atelier et d’âpres débats, un presque sans faute a été réalisé par tous les participants !
C’est ainsi qu’après 2 bonnes heures, dans la bonne humeur et avec un regard nouveau sur les animaux qui nous entourent que se termina la partie théorique de l’atelier. Un rendez-vous fût pris pour le week-end suivant pour appliquer cette belle théorie sur le terrain…
Et maintenant, la pratique sur le terrain
Le départ est donné vers 8h45 depuis le parking de l’ancienne boulangerie de Crozet pour une montée par la route forestière (avec le moins de voitures possible) jusqu’à la place proche du Chalet Forestier de Pré Galet.
A peine la 40aine de chaussures lacées qu’une fourmilière éventrée nous stoppe net. Pic vert, pic noir, blaireau… ? On ne saura pas mais on a déjà une liste restreinte de coupables potentiels !
Quelques minutes plus tard, de gros trous dans l’écorce d’un épicéa nous orientent vers le pic noir ou vert.
De gros morceaux d’écorces jonchent le sol un peu plus loin avec de bons impacts de bec dans le tronc ainsi à vif. Nul doute, on est dans le royaume des pics !
Quelques instants plus tard, la colonne s’arrête net ! Deux petites boulettes semblent délicatement posées sur une feuille au beau milieu du chemin !
Il ne peut pas s’agir d’ongulés, elles sont bien trop seules, trop claires et trop rondes. Lièvre d’Europe ? Après auscultation des boulettes à la loupe par une partie de la troupe et consultation des ouvrages de référence, on pencherait plutôt pour un écureuil !
Nous passerons encore 5 minutes dans les parages pour chercher des indices de présence de rongeurs ou d’écureuils sous les conifères. C’est vrai que de nombreuses pommes de pin grignotées à la va-vite façon écureuil confirment l’hypothèse de l’écureuil!
Deux minutes plus tard, une noisette avec un seul tout petit trou est trouvée sur le chemin. Notre spécialiste des petites bêtes (vous avez reconnu Marjorie ?), nous informe qu’il s’agit d’un balanin des noisettes. L’œuf pondu dans la noisette fraîche finira par se transformer en larve qui sortira de la noisette tombée à terre en forant ce petit trou à l’aide de ses mandibules.
Un peu plus loin, nous découvrons un nid haut perché. Il est peu visible et le bâtisseur est bien difficile à déterminer. Il faut quelquefois admettre qu’on ne connaîtra pas l’heureux propriétaire, c’est la règle du jeu !
Ce n’est en revanche pas le cas de ces beaux trous ovales dans un gros hêtre bien lisse et sans branches basses.
Jean-Christophe prend alors la relève et nous explique la vie en long et en large du propriétaire : le pic noir ! Nous aurons la chance d’en apercevoir trois un peu plus loin se poursuivant telles des fusées au beau milieu des frondaisons. Quand je pense qu’on n’est même pas capable de marcher dans les sous-bois en parvenant à éviter toutes les branches… on n’est pas câblés de la même façon !
De nombreux troncs de vieux conifères écorcés ou éventrés par des pics jouxteront encore le chemin, démontrant à qui aurait encore un doute les bienfaits de laisser sur place de vieux arbres se décomposer naturellement.
Le retour vers le parking s’effectue sur la route Forestière, bordée de petites souilles ou zones plus boueuses. C’est la porte ouverte vers les empreintes de pas !
Empreintes de chevreuils, sangliers et blaireaux sont au rendez-vous. On se rend alors compte que leur propriétaire est souvent bien moins évident à déterminer que sur les beaux dessins d’un livre !
On finira en beauté, comme lors de l’atelier théorique, sur des fèces… de blaireau et (probablement) renard :
Après cette sortie fort sympathique de 2h30, la troupe se dit au revoir alors qu’un petit groupe s’enfile sur un chemin dans les bois pour trouver un coin tranquille pour casser la croûte. Comté, saucisson, Savagnin oxydé du Jura et tarte écureuil (c’est la moindre !) de la boulangerie de Chevry viennent terminer en beauté cette sortie ! Je n’ai qu’un seul regret : que la « dame au Génépi » ne soit pas restée pique-niquer avec nous !
Patrick Joudrier