Depuis toute jeune, je suis proche de la nature et en particulier des animaux. Fascinée par le loup dès l’âge de 13 ans, j’ai voyagé chez nos voisins d’Europe (Pologne, Slovénie, Italie, Espagne entre autres) pour tenter de l’observer. Je me suis formée petit à petit sur les oiseaux, les mammifères, et continue d’apprendre encore ! Tout ce qui touche à la préservation de la biodiversité me tient à cœur et j’essaie d’œuvrer en ce sens le plus possible. Le respect de toute vie, qu’elle soit animale ou humaine, est aussi une chose importante pour moi. Mon souhait : sauver la biodiversité, qui est garante de notre survie … car nous allons à grand pas vers la sixième extinction des espèces…
Jean-Christophe Delattre, Vice-président
Je m’intéresse à la nature depuis mon enfance, étant principalement passionné par les oiseaux que je photographie depuis environ 15 ans. Originaire du Pays de Gex, j’ai suivi des études orientées vers l’écologie et la conservation de la faune sauvage. Je n’exerce finalement pas mon activité professionnelle dans ce domaine, mais je partage volontiers mes connaissances et ma passion au sein d’associations de protection de la nature en utilisant mes images (expositions, conférences, animations).
Michel Goudard, Vice-Président
58 ans, natif de Gex que je n’ai jamais quitté. Ingénieur en énergie et traitement des déchets, je poursuis également des études de philosophie par l’écriture d’un mémoire de master. Habitant en limite de la Réserve, je m’y promène souvent, et tout naturellement j’ai souhaité en savoir plus à son propos. Connaissant un des fondateurs des ARN qui m’en avait parlé, j’y ai adhéré.
Patrick Joudrier, Trésorier
Marié, 2 enfants, ingénieur en électronique. Je suis passionné de nature en général et de faune en particulier. Je pratique tout ce qui permet d’y passer le plus de temps possible : VTT, randonnée, kayak, ski de rando, permaculture, photo animalière et de paysage, piégeage photo animaliers…. Je participe à quelques suivis animaliers avec la Réserve Naturelle, comme par exemple le suivi des lynx.
Marjorie Lathuillière, Secrétaire
Homo s. sapiens (!) femelle à quelques années du demi-siècle, je suis génétiquement alsaco-lyonnaise mais bretonne de coeur depuis mes études d’écoéthologie à Rennes. Idanienne depuis une quinzaine d’années, et accessoirement enseignante, je n’aime rien tant qu’être en pleine nature, à observer les petites fleurs et les arbres, les mammifères et leurs indices de présence, les fougères et les lichens, les petites bêtes du sol, de l’eau et d’ailleurs… Mon jeu préféré est l’utilisation de clés d’identification et autres guides naturalistes pour chercher le nom attribué par les humains aux autres espèces rencontrées.
Composé de 3 groupes de travail, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) est l’organe des Nations Unies chargé d’évaluer les travaux scientifiques consacrés aux changements climatiques.
Visant l’atténuation du changement climatique, le Groupe de travail III vient de publier en avril sa contribution au sixième Rapport d’évaluation du GIEC.
Le diagnostic est connu: durant les 10 dernières années, le niveau d’émissions des gaz à effet de serre (GES) a été à son plus haut niveau historique.
Néanmoins, nous dit le rapport, les solutions sont disponibles, dans tous les secteurs, pour réduire au moins de moitié ces émissions d’ici 2030: “nous disposons des outils et du savoir-faire nécessaires pour limiter le réchauffement”, explique un brin optimiste le président du GIEC, Hoesung Lee.
Entre autres: arrêt immédiat du recours aux énergies fossiles, procédés de production à émissions faibles ou nulles, électrification générale, amélioration des rendements, développement de l’hydrogène, réduction drastique des déchets.
Point central: les coûts de ces solutions, en particulier énergies solaire et éolienne, stockage électrique, ont durant cette même période considérablement diminués, rendant leur application plus aisée.
Ainsi, le volume de capitaux et de liquidités disponibles à l’échelle planétaire est suffisant pour atteindre le montant à investir !
Priyadarshi Shukla, coprésident du Groupe de travail III du GIEC, conclut : « Nous pourrions ainsi réaliser un énorme potentiel de réduction des émissions. Il a également été établi que ces changements de mode de vie peuvent améliorer notre santé et notre bien-être ».
Le rapport confirme que la protection et la restauration des écosystèmes naturels offrent un énorme potentiel d’atténuation en absorbant et en retenant le carbone de l’atmosphère. Comme favoriser la biodiversité tout en assurant nos moyens de subsistance.
Toutefois, les terres ne pourront pas compenser l’ajournement des réductions d’émissions dans les autres secteurs. Le rapport souligne les options d’atténuation qui peuvent permettre le plus efficacement d’atténuer les effets du changement climatique et de parvenir à un développement plus durable.
En bref : le péril est connu, les moyens d’y remédier existent…
Reste à agir maintenant tout de suite : nous donnerons sa chance à un monde plus juste et plus durable. Sinon notre responsabilité sera coupable à jamais.
Chaque année, la Réserve Naturelle de la Haute Chaine du Jura organise une journée de comptage simultané des aigles royaux sur le territoire de la réserve. En 2022, cette opération a eu lieu le 23 mars dernier, et les membres des ARN ayant suivi la formation de “référents de la Réserve” ont été invités à y participer.
Différentes équipes sont réparties sur des sites d’observation pour rechercher et comptabiliser les oiseaux qui ont bien voulu se montrer. En 2022, 19 personnes ont participé au suivi, réparties sur 7 postes stratégiquement placés: Belvédère du Turet, Florimont, Col de Branvaux, Creux de Praffion, Creux de l’Envers, Roches Franches, Combe de l’Enfer, Brulats Frésy.
Pour ma part, j’étais postée au Chemin Neuf dans le Creux de l’Envers, en compagnie de Daphné Schloesser, chargée de suivis scientifiques à la Réserve, et de Nicodème Peillon, de Pays de Gex Agglo. Nous avons pu observer un individu à la jumelle – j’ai pu constater à quel point il faut être aguerri pour distinguer un juvénile d’un adulte!
Au total sur l’ensemble des postes d’observation, le plus grand rapace prédateur d’Europe s’est montré à plusieurs reprise. Un couple bien actif a été observé au sud de la Réserve Naturelle, et était visiblement bien parti pour occuper une des aires connues.
Deux aigles, un adulte à priori mâle et un immature ont été observés dans le Nord de la Réserve, sans indices particuliers témoignant d’une reproduction en cours pour l’instant. Toutefois, si l’individu observé sur les différents postes d’observation est bien un mâle, l’absence d’observation de la femelle pourrait s’expliquer par le fait qu’elle couve, ce qui pourra se vérifier dans les semaines suivant les observations.
Un autre aigle a été observé sans que l’on sache s’il s’agissait d’un individu du couple du sud ou du nord ou bien d’un individu distinct.
Bien sûr, d’autres espèces ont été observées : faucons pèlerins, faucons crécerelles, éperviers, milans noirs et royaux, buses variables et une foule d’autres oiseaux : venturon montagnards, merle à plastron, mésange noire, pinsons du nord et des arbres, pipit farlouse, etc. et même le magnifique tichodrome échelette !
D’autres animaux étaient également au rendez-vous: pour notre part nous avons pu observer un renard, reparti sans bruit une fois qu’il a vu que nous étions au bord du chemin…
Les données recueillies concernant l’Aigle royal permettront de mieux cerner le nombre de couples et d’individus fréquentant la haute chaine. L’Aigle royal est un oiseau très sensible au dérangement durant la saison de reproduction, qui s’échelonne sur plusieurs mois.
Interview de Daphné SCHLOESSER, Chargée de missions scientifiques
Peux-tu te présenter ? Travailles-tu pour la Réserve depuis longtemps ? Après un master en écophysiologie et éthologie animale, j’ai réalisé un service civique au sein de la Réserve Naturelle Nationale de la Petite Camargue Alsacienne, puis j’y suis restée en tant que chargée de mission sur un projet visant à intégrer les enjeux du changement climatique dans la gestion des espaces naturels. J’ai ensuite travaillé sur le recensement du “Grand Hamster”. Je travaille pour la Réserve naturelle nationale de la Haute Chaine du Jura depuis juillet 2021.
Quel est ton rôle au sein de la Réserve ? Je veille notamment au bon déroulement des inventaires et suivis scientifiques sur le terrain, j’assure la gestion, l’exploitation et la valorisation des données issues de ces suivis, je renforce les partenariats pour les études, et j’anime le conseil scientifique en appui du conservateur.
Tu t’occupes des suivis scientifiques. De quoi s’agit-il ? Quand on parle de suivis scientifiques, il s’agit d’opérations qu’on répète dans le temps, pour avoir un suivi de l’état des populations comme par exemple dans le cas du comptage des coqs de Grand tétras sur les places de chant. On parlera d’ « études » quand c’est ponctuel: par exemple récemment il y a eu une étude de bryologues (spécialistes des mousses) sur le Creux de l’envers, ils nous ont fourni un inventaire des espèces de mousses présentes sur ce secteur.
Peux-tu me parler des suivis scientifiques en cours actuellement ? Nous avons le suivi Phénoclim (https://phenoclim.org/accueil/le-projet ) par rapport au changement climatique au niveau national: on suit la phénologie (la temporalité de certains évènements en lien avec les saisons ) des arbres, c’est-à-dire que l’on note à quel moment se produisent par exemple le débourrement (ouverture des bourgeons) et la floraison. Toutes les semaines, nous allons relever à quel stade en sont une liste d’arbres situés à des emplacements variés en altitude: par exemple au Creux de l’envers, à mi-chemin dans la montée vers le col de la Faucille et une au niveau du col. Sur le long terme, ce suivi nous permettra de voir s’il y a une avancée de la phénologie avec le changement climatique.
Concernant la faune, nous avons le suivi du faucon pèlerin (https://www.facebook.com/RNNHCJ/videos/303614651662655) dont l’objectif est de savoir combien on a de couples de faucons nicheurs chaque année et d’estimer la réussite de la reproduction selon le nombre de jeunes à l’envol. En février-mars, nous avons vérifié chaque aire connue pour voir si des individus adultes étaient présents et avaient des comportements pouvant signifier une éventuelle reproduction (parades en vol, cris territoriaux, visites de l’aire, accouplements, etc). On y est retournés depuis pour poursuivre le recensement des couples territorialisés, et on verra en début d’été le nombre de poussins à l’envol pour les couples reproducteurs ayant pondu.
Nous avons aussi le suivi des pontes de grenouilles rousses, aussi dans le cadre du protocole Phénoclim. Nous allons les voir toutes les semaines dans 2 mares, et nous comptons le nombre de pontes et lorsqu’il y aura des têtards nous relèverons à quel moment ils auront atteint le stade 3 (les têtards n’ont plus de branchies mais pas encore de pattes arrière). Ce suivi permettra sur le long terme de voir s’il y a des évolutions sur les dates des évènements en lien avec le changement climatique et la modification de l’enneigement.
Nous avons aussi un suivi du Grand Tétras comme mentionné précedemment. Les affûts sur les places de chant commencent mi-avril; également un suivi de l’aigle royal avec une opération de comptage simultané qui s’est déroulée en mars (voir article sur le comptage de l’aigle royal https://www.arn-nature.fr/2021/03/27/comptage-des-aigles-royaux/ ) ; un suivi des lynx effectué principalement à partir de pièges photo qui a lieu tous les deux ans (voir article https://www.arn-nature.fr/2022/02/02/tout-savoir-sur-le-suivi-des-lynx/ ) ; un suivi des loups avec également des pièges photo sur le nord et le centre de la Réserve naturelle pour savoir à peu près combien il y en a qui passent et à quelle fréquence.
Nous suivons également les petites chouettes de montagne à savoir la Chouette de Tengmalm et la Chevêchette d’Europe. Il s’agit d’un protocole national mis au point par l’ONF et la LPO que nous appliquons dans la Réserve sur deux sites distincts.
On effectue un transect aller (trajet le long d’une ligne fixe et tous les 500m on s’arrête) en fin d’après-midi et un transect retour en début de soirée et on diffuse le chant des chouettes à chaque point d’arrêt pendant un temps limité afin de limiter le dérangement. On écoute s’il y en a qui répondent et on note les résultats. Deux passages espacés de 15 jours sont effectués par l’équipe de la Réserve naturelle chaque année.
Justement, que fais-tu des données recueillies ? Y-a-t-il des échanges de données avec d’autres organismes ou avec la Suisse voisine ? On compare avec les résultats des suivis des années précédents. Les données sont conservées en interne mais aussi régulièrement échangées avec l’OFB pour le loup et le lynx, l’ONF et la LPO pour les petites chouettes de montagne ou encore avec le Groupe Tétras Jura pour le Grand Tétras. Mettre en place des partenariats n’est pas facile car cela demande du temps et de l’engagement mais nous en mettons de plus en plus en place. Aujourd’hui, il y a encore peu d’échanges de données avec la Suisse mais on espère améliorer ça pour certaines espèces (loup, lynx, grand tétras, etc.).
Quels sont les projets de la Réserve en termes de suivi ? Nous souhaitons mettre en place du suivi participatif. Par exemple, nous utilisons actuellement une application géonature, dont une version pourrait être facilement utilisée par le grand public pour relever certaines espèces en particulier, faciles à identifier. En parallèle, on souhaiterait aussi développer un petit réseau de bénévoles ayant des connaissances naturalistes plus pointues pour nous aider à développer nos connaissances sur le terrain de certains groupes faunistiques et floristiques comme par exemple les reptiles et les amphibiens.
Une page se tourne pour l’Association pour la Connaissance de la Nature Jurassienne (ACNJ).
La décision de dissolution de ce qui restera La Flore, chère à nos cœurs, était pour nous ARN autant attendue que redoutée.
La Flore et les ARN, ce sont deux associations siamoises nées dans la foulée de la Loi de 1976, au temps béni que les moins de 40 ans n’ont pas connu, et qui a vu la création de nombreuses associations à la fibre environnementale dont la plupart sont encore membres des Amis de la Réserve Naturelle de la Haute Chaîne.
L’ACNJ, c’est pour nous, ARN, une longue histoire partagée, d’interminables heures à promouvoir puis défendre ensemble la Haute-Chaîne et autres corridors face à des élus plus ou moins rétifs, une quantité faramineuse de dossiers de plus en plus techniques à décortiquer et aussi quelques belles victoires, notamment la création de la Réserve, la plus emblématique. De tout cela, nous leur somment infiniment reconnaissants.
Leur dernière AG du mercredi 11 mai était bien évidemment empreinte d’émotion et de nostalgie. Une AG qui a par ailleurs confirmé l’octroi de 3000 € et l’attribution d’un écran et d’un vidéoprojecteur à notre association.
Nous profitons de cet édito pour les en remercier bien sincèrement. Qu’ils en soient assurés, nous ferons bon usage de ces dons, pour que vive au-delà de l’association elle-même la devise de la Flore « Connaître pour aimer, aimer assez pour protéger ».
Les adhérents de l’ACNJ seront bien sûr les bienvenus aux ARN, pour ceux qui n’en font pas encore partie !
Une association de protection de la nature qui disparaît est toujours une grosse perte pour nous et pour le territoire…